Capacité d’endettement d’une entreprise : le guide complet
Parmi les nombreuses solutions à la disposition des entrepreneurs pour financer le développement de leur activité, l’emprunt bancaire est sans doute le plus simple d’accès : il s’agit d’un levier de financement qui permet de profiter de l’effet de levier du crédit, tout en laissant au chef d’entreprise le contrôle intégral de sa société (plutôt que de faire entrer des personnes extérieures au capital). Or, pour décider d’octroyer une demande de prêt, les établissements bancaires se fient à un certain nombre de critères, dont la capacité d’endettement de l’entreprise : autrement dit, son aptitude à emprunter – et surtout, à rembourser – une somme d’argent. De quoi s’agit-il et comment la calculer ? Keobiz vous aide à décrocher votre financement professionnel avec son guide pratique.
La capacité d’endettement désigne la faculté de l’entreprise à contracter un emprunt sans mettre en péril son équilibre financier.
Elle dépend de quatre paramètres : les besoins en financement, les fonds propres, les profits et les prêts en cours.
Trois méthodes sont principalement employées par les établissements bancaires pour calculer la capacité d’emprunt d’une société : le taux et le ratio d’endettement, et la marge brute d’autofinancement.
Le taux de dette optimal se situe sous la barre des 40 %.
Capacité d’endettement d’une société : de quoi parle-t-on ?
Solliciter un prêt professionnel est un moyen, pour une entreprise, de trouver le financement nécessaire à son démarrage ou à son développement. Il s’agit d’une méthode de financement externe indirect (voir encadré) : le crédit est octroyé par un intermédiaire, généralement une banque. Pour prendre cette décision, celle-ci s’appuie sur un certain nombre de critères, essentiellement financiers. L’un des plus importants est la capacité d’endettement, ou capacité d’emprunt : l’aptitude de l’entreprise à contracter un prêt sans mettre en péril sa santé financière.
Cet indicateur financier est déterminant, puisqu’il permet de fixer le montant maximum qu’une société est susceptible de rembourser chaque mois en se basant sur ses flux de trésorerie opérationnels, ainsi que le montant et la durée du prêt. En pratique, une capacité de dette élevée se traduit par un faible risque d’impayé (l’assise financière de l’entreprise est suffisante pour faire face à une charge supplémentaire), et inversement.
Le financement externe indirect désigne le recours à des fonds provenant de sources externes à l’entreprise, via des intermédiaires financiers, comme les emprunts bancaires ou les obligations. Une solution attractive lorsque le niveau d’endettement est faible et la rentabilité élevée, ce qui permet de jouer sur l’effet de levier, mais qui peut aussi entraîner un déséquilibre du ratio d’autonomie financière. À l’inverse, le financement externe direct consiste à aller chercher de l’argent auprès des investisseurs privés ou des fonds d’investissement, avec un inconvénient : l’introduction de capitaux externes susceptibles de diluer les actionnaires. Enfin, l’autofinancement en revient à réinvestir les bénéfices réalisés par l’entreprise dans son développement, dans sa modernisation, ou encore dans le remboursement d’une dette.
De quoi dépend la capacité d’endettement d’une société ?
La capacité de votre entreprise à s’endetter dépend de plusieurs paramètres :
- Ses besoins de financement, en fonction du projet porté. Il peut s’agir d’acquisition matérielle (achat de murs, d’équipements ou de marchandises pour constituer du stock) ou de financement immatériel (conquête d’un nouveau marché, optimisation des moyens de production ou autre). La réalisation d’un business plan permet d’y voir plus clair.
- Ses capitaux propres, c’est-à-dire ses ressources financières. Cela englobe le capital social (les apports des associés ou actionnaires lors de la création de l’entreprise), les fonds issus de l’activité, les fonds placés en réserve, ainsi que les bénéfices non distribués : tout ce qui permet de rassurer les clients, les investisseurs et les intermédiaires financiers. En effet, disposer de capitaux propres importants constitue une preuve de solvabilité. (Notez qu’au sein d’un groupe, qui détient au minimum deux sociétés distinctes, la valeur de ces capitaux est inscrite dans les comptes consolidés, un document comptable obligatoire.)
- Sa rentabilité, ou plus exactement : la capacité de l’activité à générer des richesses.
- Ses crédits en cours, autrement dit : les dettes bancaires déjà contractées dont le remboursement n’est pas terminé. La banque tient compte du montant global de la dette et de la capacité de l’entreprise à y faire face.
Comment calculer la capacité d’endettement de votre société ?
Les établissements bancaires emploient différentes méthodes pour calculer la capacité d’endettement d’une société, et ainsi évaluer sa capacité de remboursement. En voici trois.
Le taux d’endettement
Pour évaluer le niveau de risque, la banque s’intéresse au taux de dette de votre entreprise : la proportion de la dette totale par rapport aux capitaux. Soit : (dettes totales/capitaux propres) x 100
Si le taux de dette est élevé, cela se traduit par un risque financier accru : l’entreprise se repose davantage sur ses fonds empruntés que sur ses fonds propres pour financer ses opérations. Un taux optimal se situe sous la barre des 40 % : il est alors considéré comme sain.
Il ne faut pas confondre capacité et taux d’endettement. Alors que la première désigne le montant maximum que l’entreprise peut rembourser tous les mois (plus il est élevé, mieux c’est), le second renvoie au pourcentage maximal que les mensualités ne doivent pas dépasser par rapport aux fonds disponibles (plus il est bas, mieux c’est).
Toutefois, il n’y a pas de taux idéal, car de nombreux facteurs peuvent influer sur le calcul comme :
- la structure de l’entreprise (statut juridique, effectif, existence d’établissements secondaires ou de filiales, niveau de charges fixes) ;
- le secteur d’activité (selon qu’il est stable ou cyclique) ;
- la phase de développement (il est naturel d’avoir un taux plus élevé en phase de croissance, en raison du financement des investissements – mais c’est une situation qui ne doit pas perdurer) ;
- et les conditions d’emprunt (avec des taux d’intérêt bas, les entreprises peuvent supporter des niveaux de dette plus élevés).
Un taux d’endettement trop faible peut aussi envoyer un mauvais signal : il peut laisser entendre que l’entreprise n’investit pas suffisamment dans son développement et qu’elle ne saisit pas les opportunités de croissance.
Le ratio d’endettement financier
Le ratio de dette renvoie à une analyse financière dont l’objectif est de comparer les dettes et les actifs à court terme, afin de déterminer le niveau de dépendance financière de l’entreprise vis-à-vis des tiers. Il s’agit, en somme, de calculer uniquement le taux d’endettement financier. Pour ce faire, on tient compte de deux composantes :
- La dette nette, qui regroupe l’ensemble des dettes à court, moyen et long terme (c’est-à-dire des créances) : toutes les dettes financières et les sommes dues à des créanciers, inscrites dans le bilan comptable.
- Les fonds propres, qui représentent la valeur des actifs de l’entreprise après déduction des dettes.
Le calcul du ratio de dette se fait de la façon suivante : (dette nette/capitaux propres) x 100
Un résultat autour de 0,5 témoigne d’une bonne gestion de l’entreprise : il est considéré comme équilibré. Supérieur à 1, il indique que la société a plus de dettes que de fonds propres, ce qui est préoccupant (sauf s’il s’agit d’une situation temporaire).
En cas de taux ou de ratio élevé, et donc de refus de la banque de vous prêter la somme d’argent nécessaire, vous pouvez toujours vous tourner vers d’autres leviers de financement : business angels, financement participatif, BSA-AIR, prêt d’honneur, ou encore prêt inter-entreprises.
La marge brute d’autofinancement
Enfin, la banque peut aussi tenir compte de la marge brute d’autofinancement (MBA) : le résultat net de l’entreprise auquel on ajoute les amortissements et tout ou partie des provisions. Ce calcul vise à conserver uniquement la partie du compte de résultat qui comprend les mouvements de trésorerie.
Très proche de la CAF, la MBA permet à l’établissement prêteur d’évaluer la capacité de l’entreprise à financer son propre développement et ses investissements, sans recourir à des fonds extérieurs. En théorie, cette marge doit souligner l’aptitude de la société à rembourser ses dettes sur un minimum d’1 an.
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Pour mesurer le taux de dette d’une entreprise, on tient compte du total des dettes que l’on divise par les fonds propres. Pour calculer le taux d’endettement financier, on se focalise exclusivement sur la dette nette inscrite dans le bilan comptable, divisée par les fonds propres. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’un indicateur financier essentiel pour évaluer la santé de l’entreprise.
Un taux d’endettement faible est un signe de bonne santé financière : cela signifie que l’entreprise dispose d’une marge de manœuvre pour emprunter de l’argent. A contrario, un résultat élevé signale une dépendance financière importante vis-à-vis des tiers : cela indique que ses charges fixes ont un impact sur son équilibre financier, et qu’une dette supplémentaire serait susceptible de le mettre en péril. Néanmoins, il est nécessaire de nuancer, car il n’y a pas de résultat idéal.
En soi, l’endettement n’est pas un problème : il permet de financer des projets, d’optimiser le développement et d’augmenter le rendement des fonds propres. Un trop faible niveau de dette est même susceptible d’envoyer un signal négatif, en montrant que l’entreprise n’investit pas suffisamment dans sa croissance et qu’elle ne saisit pas les opportunités. Néanmoins, un niveau de dette mal maîtrisé risque de se transformer en surendettement. Pour l’éviter, il faut :
- Suivre et anticiper l’évolution de l’activité.
- Choisir avec soin ses partenaires bancaires.
- Diversifier ses leviers de financement.
- Inscrire la gestion de la dette dans la stratégie de l’entreprise.