Ouvrir un magasin de vêtements : quel budget faut-il prévoir ?

Le prêt-à-porter ne connaît pas la crise : les Français ont dépensé en moyenne plus de 500 € chacun pour s’habiller en 2022. Dans l’Hexagone, le chiffre d’affaires du commerce de détail est dominé par les grandes franchises étrangères comme H&M ou Zara, mais les acteurs indépendants représentent la majorité des points de vente sur le territoire. Vous envisagez de vous lancer dans ce secteur prometteur ? Pour assurer le bon fonctionnement (et le succès) de votre boutique, il est important de bien préparer votre projet sur le plan financier. Et en particulier, de calculer avec soin le budget pour ouvrir un magasin de vêtements. Voici ce qu’il faut savoir pour mettre toutes les chances de votre côté.

Ouvrir une boutique de vêtements, ça veut dire quoi ?

Une boutique de vêtements est un commerce de détail spécialisé dans la vente d’articles de prêt-à-porter. Les clients peuvent y trouver une variété de vêtements et d’accessoires sélectionnés en fonction de la cible (hommes, femmes ou enfants) et du concept du magasin (habillement généraliste, vêtements de sport ou de luxe, chaussures, lingerie, maillots de bain et bien d’autres).

Ce type de magasin joue un rôle déterminant dans le secteur de la mode (et particulièrement du vêtement), en donnant accès à des styles vestimentaires variés, et en mettant les consommateurs au contact des nouveautés. C’est aussi un pilier de l’économie locale. D’une part, parce que les boutiques indépendantes (qui représentent 60 % de l’écosystème) sont souvent installées dans les centres-villes, où elles participent au dynamisme du commerce de proximité. D’autre part, parce que ces magasins créent des emplois et soutiennent des créateurs locaux.

Par ailleurs, ouvrir une boutique de vêtements peut vouloir dire plusieurs choses :

• Créer un commerce indépendant, basé sur votre propre concept – avec, à la clé, une liberté et une autonomie totales, dans tous les domaines. Une fois votre boutique créée, vous pouvez aussi choisir de rejoindre une structure commerciale associative, formée par plusieurs commerçants indépendants qui mutualisent leurs moyens afin de réaliser des économies.
• Opter pour une franchise, autrement dit : intégrer un réseau qui vous fait bénéficier d’une marque établie, de son accompagnement et de ses outils. Avec un avantage : vos clients potentiels connaissent déjà l’enseigne.
• Ouvrir un commerce succursaliste, auquel cas votre point de vente est une entité adossée à une société mère. Vous pouvez alors compter sur le soutien logistique et financier de cette dernière.

Comment ouvrir un magasin de vêtements ?

Avant de traiter du budget à prévoir, une autre question se pose : comment ouvrir un magasin de vêtements ? Bien qu’aucun diplôme ne soit nécessaire pour se lancer dans le commerce du prêt-à-porter (la profession n’étant pas réglementée), il y a néanmoins plusieurs étapes à suivre pour lancer une boutique. Quelles sont ces étapes ?

• La réalisation d’une étude de marché et l’élaboration d’un business plan, afin de trouver le bon concept et d’anticiper les coûts attendus, la trésorerie à prévoir, ainsi que l’apport nécessaire. Cette étape est incontournable pour évaluer la rentabilité future de l’activité (c’est vrai pour ouvrir un magasin comme pour se lancer en freelance) mais aussi pour trouver des financements.
• Le choix du statut juridique adapté au commerce de détail. Vous pouvez opter pour une entreprise ou une société unipersonnelle (EURL ou SASU), ou pour une société avec plusieurs associés (SARL, SAS, SA et autres). À noter que le statut d’entrepreneur individuel n’est pas recommandé, car trop limité (voir à ce propos notre comparatif EI vs SASU).
• L’immatriculation de l’activité auprès du guichet unique des formalités des entreprises.
• Le choix de l’emplacement de votre local commercial, en misant sur un loyer raisonnable. Vous devez ensuite vous occuper de son aménagement et de sa décoration.
• L’identification des fournisseurs auxquels vous allez faire appel, en fonction de votre concept et de la clientèle ciblée. En effet, en matière de commerce de détail, la question du stock est essentielle et doit être anticipée avec soin – comme pour ouvrir une supérette, par exemple, ou pour lancer un snack.
• Le respect de la réglementation en vigueur pour un magasin d’habillement. Notez que les règles sont moins nombreuses que pour ouvrir un commerce alimentaire (qu’il s’agisse de lancer une enseigne de fast-food ou encore de créer une épicerie), mais qu’elles existent tout de même. Par exemple : les normes relatives aux établissements recevant du public (sécurité incendie et accessibilité des personnes à mobilité réduite), l’affichage des prix, l’obligation de verser une redevance à la Sacem pour pouvoir diffuser de la musique, ou bien le respect des périodes de soldes.

N’hésitez pas à vous faire accompagner par un expert-comptable afin de créer votre entreprise dans les meilleures conditions (à commencer par le choix du statut juridique) et d’optimiser la gestion de votre activité. Un professionnel vous conseillera également sur les compétences à acquérir pour démarrer dans l’entrepreneuriat, et pourra vous orienter vers un diplôme pertinent.

Quel budget pour ouvrir un magasin de vêtements ?

Difficile d’estimer avec précision le montant à prévoir pour l’ouverture d’un magasin de vêtements, en raison du grand nombre de paramètres à prendre en compte. La gamme des produits proposés à la clientèle, l’emplacement géographique de votre boutique, le stock à constituer, les frais administratifs liés à la création de l’entreprise, ou le droit d’entrée à verser d’emblée si vous optez pour la franchise, sont autant de facteurs qui vont fortement influer sur le budget nécessaire. Ce dernier peut osciller entre 125 000 et 255 000 € : autant dire que la fourchette est large.

En analysant les différents postes de dépenses à prendre en compte, nous allons vous aider à estimer le budget pour ouvrir un magasin de vêtements.

Les formalités de création d’entreprise

Un commerce est avant tout une entreprise, qu’il faut donc créer en amont. Bien que la procédure visant à immatriculer l’activité ne soit pas payante en tant que telle, la création d’une société, en revanche, engendre des coûts :

• Les frais de greffe afférents à la création d’une société commerciale (37,45 €).
• La déclaration des bénéficiaires effectifs (21,41 €).
• L’ouverture d’un compte bancaire sur lequel déposer le capital social. (Cette prestation est généralement offerte par les établissements physiques si la société ouvre aussi un compte courant, mais elle est facturée – autour d’une centaine d’euros – par certaines banques en ligne.)
• La publication d’une annonce légale de création dans un journal officiel, avec un coût qui varie en fonction de la forme de la société et de l’emplacement du siège (comme indiqué dans le tableau ci-dessous).

À ceci, il faut ajouter des frais facultatifs :

• Le coût d’un accompagnement professionnel (prodigué par un expert-comptable, par exemple) pour la rédaction des statuts et/ou la réalisation des différentes formalités administratives : de 500 à 3 000 €.
• Le dépôt de votre marque auprès de l’INPI, qu’il s’agisse de l’enseigne de votre magasin ou de la marque de mode que vous avez créée pour l’occasion. Le dépôt est obligatoirement électronique : comptez 190 € pour une seule classe, puis 40 € pour chaque classe supplémentaire. (Les vêtements appartiennent à la classe 25.)

Les frais indispensables pour démarrer l’activité de vente

Une fois la société créée, le gros du budget pour ouvrir un magasin de vêtements concerne les prérequis au démarrage de l’activité. À savoir : les dépenses liées au local commercial, à l’achat des articles, et à la constitution d’un fonds de roulement.

• Le local commercial peut être loué ou acheté. Le montant du loyer ou du prix d’acquisition dépend grandement de l’emplacement et de la superficie des locaux. En location, il faut compter sur un coût moyen de 195 € par mètre carré et par an. Dans le contexte d’un achat, le mètre carré moyen tourne autour de 1 900 € – sachant qu’il faut prévoir également les frais de notaire (2 à 3 % du prix de vente dans le neuf et 7 à 8 % dans l’ancien), le coût du prêt immobilier et des assurances, ainsi que les dépenses liées aux travaux à réaliser.

• Le stock doit être constitué en amont : c’est ce que l’on appelle « l’inventaire initial ». Le montant à prévoir dépend évidemment des marchandises que vous comptez proposer à la vente, selon qu’il s’agit de vêtements/d’accessoires de marque, d’articles fabriqués localement ou de vos propres créations. Pour un nouveau magasin, le budget est situé entre 15 000 et 40 000 €.
• Si le local n’en dispose pas déjà, il faut aussi investir dans du mobilier et du matériel : présentoirs et cintres pour accueillir les articles, mannequins et supports d’affichage, comptoir pour encaisser, ordinateur et caisse enregistreuse, terminal de paiement, et d’autres éléments incontournables selon vos besoins.
• Le besoin en fonds de roulement (BFR) désigne la somme nécessaire pour maintenir votre activité durant toute la période de démarrage, le temps de générer des ventes et de faire rentrer de l’argent dans les caisses, en couvrant toutes les dépenses opérationnelles. Dans l’absolu, on estime qu’il faut pouvoir tenir 6 à 12 mois. Au démarrage d’une activité, le BFR est calculé en se basant sur les investissements initiaux et sur le stock de départ.

Les frais courants

Le budget pour ouvrir un magasin de vêtements doit aussi intégrer les frais courants, ou « coûts de fonctionnement », qui englobent les charges fixes à prévoir pour les premiers temps. Dans le détail :

• Les charges mensuelles liées au local commercial (location, électricité, gaz, eau, abonnements internet et téléphone).
• Les salaires des employés de votre boutique, si vous en avez : de 1 600 à 2 500 € bruts par mois, plus les cotisations patronales (jusqu’à 42 % de la rémunération).
• Les assurances, sachant que seule une garantie responsabilité civile professionnelle est obligatoire (comptez de 50 à 200 € par mois), mais qu’il est recommandé de couvrir votre magasin et votre stock.
• Les frais afférents au marketing et à la communication, afin de faire la promotion de votre boutique (généralement de 3 à 12 % du chiffre d’affaires).

Les impôts, taxes et cotisations

Le calcul du budget nécessaire doit enfin tenir compte des impôts, des taxes et des cotisations qui frappent votre commerce. Indépendamment de la TVA sur les achats, que vous pourrez récupérer (à condition d’être assujetti au régime réel), vous serez redevable :

• De l’imposition sur le revenu ou sur les sociétés, en fonction du régime adossé à votre forme juridique (et éventuellement, du choix que vous avez fait).
• Des cotisations sociales (dont le taux dépend de la forme sociale).
• Des charges patronales sur les rémunérations des salariés.
• Des impôts locaux : cotisation foncière des entreprises (CFE) dans tous les cas de figure, et cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) si vous générez un chiffre d’affaires supérieur à 500 000 €.

Comment prévoir le budget nécessaire pour ouvrir une boutique ?

Les postes de dépenses listés plus haut sont les principales composantes d’un budget de magasin, mais il est tout sauf simple de les estimer – car tout dépend de la nature de votre projet et des contraintes auxquelles vous faites face.

Pour prévoir votre budget, il est donc indispensable d’établir un business plan. Conçu pour servir de document de référence lors de la recherche de financements, le business plan vous aide surtout à façonner votre projet sur le plan économique et stratégique : il constitue ainsi un pilier de la réussite de votre entreprise. Vous devez y inclure :

• La présentation de votre projet (quel type de boutique vous envisagez d’ouvrir – concept, indépendance ou franchise, clientèle ciblée).
• L’étude de marché que vous avez réalisée.
• Les dépenses incontournables que vous avez identifiées : coût du local, prix des articles à acheter pour constituer votre stock, frais de fonctionnement, fonds de roulement indispensable à prévoir.
• La stratégie de communication à déployer.

Ces éléments vous permettront de solliciter des prêts, des fonds, ou encore des aides et des subventions. À ce titre, vous pouvez chercher des financements auprès des établissements bancaires, des fonds qui investissent dans les entreprises, des investisseurs privés, des organismes publics de soutien à l’activité professionnelle (comme Bpifrance), ou bien auprès de vos proches (on parle de « love money »). Par ailleurs, des aides publiques sont accessibles aux entrepreneurs, à l’image de l’Acre et l’Arce.