Comment créer un magasin d’optique ? Les clés pour ouvrir votre boutique de lunettes
Vous souhaitez ouvrir votre propre magasin d’optique ? Alors que la vue est devenue la principale préoccupation des Français en matière de santé (avec trois adultes sur quatre qui présentent des troubles visuels, et des enfants touchés de plus en plus jeunes), les métiers de la vision s’inscrivent dans un secteur très porteur. Néanmoins, l’ouverture d’un commerce d’optique nécessite de remplir des conditions strictes (dont l’obtention d’un diplôme et d’une carte professionnelle de santé) et d’accomplir un certain nombre de formalités obligatoires. Quels sont les prérequis à respecter ? Quelles étapes sont incontournables ? Le cabinet Keobiz vous explique tout ce qu’il faut savoir.
Les métiers de l’optique étant réglementés, vous devez justifier d’un diplôme d’État pour ouvrir un magasin. La réglementation prévoit aussi l’inscription de l’activité auprès de l’agence régionale de santé afin de rejoindre le répertoire Adeli.
L’activité de vendeur d’appareils optiques peut être exercée sous différentes formes juridiques : entreprise individuelle, micro-entreprise, EURL, SASU, SARL ou SAS. Chaque statut juridique a ses avantages et ses inconvénients.
La création d’un magasin d’optique passe par un certain nombre d’étapes, comme la réalisation d’une étude de marché, l’établissement d’un business plan, le calcul du budget de démarrage, le choix d’un local bien positionné, et l’immatriculation de l’activité. Il faut également respecter des normes réglementaires.
Faut-il se lancer dans le commerce de l’optique ?
Avant d’engager des démarches pour ouvrir un magasin d’optique, vous vous interrogez sans doute sur l’état du marché et ses spécificités économiques. La première chose à savoir, c’est que le secteur de l’optique-lunetterie se porte bien en raison d’une population vieillissante et d’une augmentation notable du temps passé devant les écrans (ce qui se traduit par une hausse de la myopie en France, notamment chez les plus jeunes).
Si l’on en croit l’Insee, le chiffre d’affaires annuel du secteur est en hausse pour 75 % des 12 000 enseignes d’optique, avec des variations en fonction de la localisation géographique. Par ailleurs, le chiffre d’affaires moyen s’élève à 350 000 € par an.
Pour autant, la concurrence est forte, poussée par l’essor des grandes franchises et par l’émergence d’une catégorie de magasins low cost. Si l’entrée dans la profession offre de belles perspectives, il est important de bien préparer ce projet, notamment en tenant compte des réalités du marché et des obligations à remplir.
Quels sont les prérequis pour ouvrir un magasin d’optique ?
Le professionnel de l’optique porte plusieurs casquettes. À la fois technicien et conseiller commercial, il s’occupe de vendre des appareils correctifs pour la vue (lunettes et lentilles de contact), de donner des conseils en partant des prescriptions délivrées par les ophtalmologistes, de proposer les montures les mieux adaptées à la morphologie du visage et à la correction prescrite, et de sensibiliser ses clients aux caractéristiques des équipements optiques existants.
De plus, il est amené à évaluer les facultés visuelles des clients, à saisir les dossiers sur un logiciel, et à contrôler la prise en charge éventuelle du matériel par la complémentaire santé. Enfin, il commercialise également d’autres articles, comme des lunettes de protection solaire, des produits d’entretien, des étuis, et des instruments d’optique spécialisés.
Tout cela nous conduit à une question essentielle : compte tenu de la diversité et de la technicité des métiers de la vue, quels sont les prérequis à remplir pour exercer ?
Les qualifications professionnelles
Pour commencer, notez que les métiers de l’optique font partie des activités commerciales réglementées. Cela signifie qu’il est obligatoire, pour exercer, de justifier d’une qualification professionnelle, que ce soit pour intégrer une boutique existante ou pour ouvrir son propre magasin.
En pratique, il est nécessaire d’avoir obtenu un diplôme d’État, le plus courant étant le BTS opticien-lunetier. Celui-ci peut être préparé à temps plein ou en alternance, dans le cadre d’une formation initiale ou d’une reconversion professionnelle. D’autres diplômes jouent le même rôle, comme le titre d’opticien-optométriste de l’Institut d’optique Graduate School de Paris-Saclay, ou le diplôme de l’École d’optique et de lunetterie de Lille.
Les opticiens diplômés ont ensuite la possibilité de poursuivre leur formation avec une licence professionnelle d’optique, puis un master de sciences de la vision, ou bien avec un bachelor (à choisir en fonction du projet professionnel). En particulier, le bachelor de manager en optique permet de renforcer ses compétences en gestion et en marketing, dans le but de créer et de gérer un magasin. (Ce titre bénéficie de la certification RNCP.)
À défaut d’un diplôme d’opticien, vous pouvez ouvrir un magasin d’optique en exerçant exclusivement les fonctions de direction de l’établissement – donc sans conseiller les clients, ni vendre directement des lunettes. Cela implique toutefois de recruter un salarié à temps complet disposant de la qualification professionnelle appropriée.
Par ailleurs, l’article L4021-1 du Code de la santé publique prévoit l’obligation (imposée à chaque professionnel de santé) de s’engager dans une démarche de développement professionnel. Autrement dit de suivre une formation continue, d’évaluer ses pratiques, et d’améliorer sa gestion des risques. Dans le domaine de l’optique, l’organisme compétent est le Collège national des opticiens de France.
L’enregistrement auprès de l’Assurance maladie
Autre prérequis incontournable : les opticiens doivent s’enregistrer au répertoire Adeli des professions de santé, comme le prévoit le Code de la santé publique dans son article L4362-1. Pour ce faire, vous devez constituer un dossier incluant votre diplôme ou votre titre professionnel, ainsi que ce formulaire rempli, et le déposer à l’agence régionale de santé de laquelle vous dépendez.
Cette démarche permet d’obtenir un numéro d’identification qui vous servira ensuite à effectuer une demande d’inscription auprès de la Sécurité sociale. Une formalité à réaliser auprès du service des relations avec les professions de santé de la CPAM de votre lieu d’exercice. Celle-ci procède à votre inscription au fichier national des professions de santé et vous délivre des feuilles de soins pré-identifiées, ainsi qu’un cachet. Elle vous remet également une carte de professionnel de santé (CPS).
Les compétences et qualités nécessaires
Au-delà des qualifications professionnelles, l’ouverture d’un magasin d’optique suppose de maîtriser un certain nombre de compétences et de réunir des qualités indispensables. En voici une liste non exhaustive :
- La maîtrise du domaine de l’optique : l’anatomie de l’œil, le fonctionnement du système visuel, les maladies pouvant toucher les yeux, et les techniques d’examen de la vue.
- Une connaissance approfondie du marché de l’optique et de la réglementation en vigueur.
- Des compétences techniques relatives au contrôle des mesures des verres, ainsi qu’à leur polissage, leur ajustement, leur assemblage et leur montage.
- Un sens aigu de l’accueil et de l’écoute, ainsi qu’un goût prononcé pour le service et le conseil.
- Une forte capacité d’adaptation aux nouveautés technologiques et aux nouvelles tendances.
- Des talents de pédagogue pour expliquer aux clients l’aspect technique des lunettes ou des lentilles.
- Un savoir-faire de vendeur.
Quel budget pour ouvrir une boutique d’optique ?
C’est une autre question importante à se poser pour ouvrir un magasin d’optique : quel est le budget à prévoir ? Les investissements initiaux ont pour but de financer le démarrage de l’activité, à savoir :
- Les frais de création de l’entreprise : rédaction des statuts et prise en charge des formalités d’immatriculation par un professionnel.
- Les achats préliminaires : le mobilier, les instruments d’optique, les outils de mesure et de traitement des verres, les appareils informatiques et les logiciels (gestion et comptabilité), ainsi que la constitution du stock (montures de lunettes, verres correcteurs, lentilles de contact, solutions pour lentilles et autres).
- Les charges courantes d’exploitation de l’établissement : le loyer du local, les travaux potentiels à réaliser pour l’aménagement et/ou la mise aux normes, les charges de fonctionnement, les frais de gestion, les coûts de communication, les salaires des employés, ainsi que les cotisations et les taxes.
- Et éventuellement les droits d’entrée en franchise ou les frais d’achat d’un fonds de commerce existant.
Le budget nécessaire est relativement élevé, de l’ordre de 50 000 à 200 000 €. Néanmoins, ce montant est susceptible de varier du tout au tout en fonction de nombreux facteurs, comme l’emplacement du local, la taille de l’inventaire initial, et la nature des services proposés.
Comment ouvrir un magasin d’optique ? Les formalités à remplir et les obligations à respecter
Dès lors que vous remplissez les prérequis pour exercer le métier et que vous avez formalisé votre budget, vous pouvez vous lancer concrètement dans la création de votre magasin d’optique. Comme pour n’importe quel type de commerce (pour ouvrir une boulangerie, monter une supérette, ou encore créer une galerie d’art), il est nécessaire d’évaluer la rentabilité de votre projet, de calculer l’investissement à prévoir, de choisir votre statut juridique d’entrepreneur, d’identifier les bons fournisseurs, de trouver un local idéal et des investisseurs pour financer votre boutique – entre autres choses. Découvrez dans le détail chaque étape à suivre pour ouvrir un magasin d’optique.
Réaliser une étude de marché
Le marché de l’optique se porte bien, certes, mais une étude de marché reste nécessaire avant de vous lancer. Le but étant de vous familiariser avec le marché spécifique de la zone géographique ciblée, d’analyser l’état de l’offre et de la demande, d’identifier les opportunités commerciales, et d’appréhender les grandes tendances. Cette étude vous permet également de définir le profil type des consommateurs et d’examiner l’activité de vos concurrents directs (en vous intéressant aux segments du marché qu’ils occupent).
Au terme de cette enquête minutieuse, vous serez en mesure de déterminer votre positionnement commercial et d’affiner votre concept. À titre d’exemple, vous pouvez ouvrir un magasin d’optique généraliste, vous spécialiser dans la vente d’articles originaux (comme des marques de créateurs), ou encore mettre l’accent sur l’accueil, le service et le conseil.
Choisir entre l’indépendance et la franchise
C’est là une question à vous poser au plus tôt : préférez-vous créer une boutique originale ou vous lier à un franchiseur ? Les deux options ont leurs avantages et leurs inconvénients.
- En tant qu’opticien indépendant, vous jouissez d’une liberté totale dans tous les aspects de votre projet, depuis le choix des locaux jusqu’à la stratégie de communication à mettre en place pour promouvoir votre enseigne. En contrepartie, votre clientèle doit être construite à partir de zéro, et vous ne bénéficiez d’aucune aide stratégique.
- Dans le cadre d’un réseau franchisé (Optic 2000, Krys ou Alain Afflelou, parmi les plus réputés), vous profitez d’une marque bien installée et de sa notoriété, avec une clientèle potentielle déjà prête à pousser la porte de votre boutique. De plus, le franchiseur vous fournit une assistance à plusieurs niveaux : étude de faisabilité du projet, accès aux partenaires répertoriés (avec la possibilité de bénéficier de rabais sur les articles), accompagnement marketing et stratégique, outils de gestion fournis, et formations prodiguées par l’enseigne. En échange, il faut pouvoir compter sur un apport conséquent correspondant au droit d’entrée (entre 30 000 et 60 000 € selon le réseau), et prévoir de verser une redevance mensuelle calculée sur le chiffre d’affaires.
Entre la création d’une nouvelle enseigne et l’ouverture d’un établissement franchisé, il existe une troisième voie : l’achat d’un magasin d’optique existant. À condition de faire le bon choix (avec l’aide d’un expert-comptable), vous pourrez profiter d’un commerce déjà rentable et d’une clientèle fidélisée.
Établir un business plan
Le business plan a pour objet de détailler votre concept et de définir des objectifs financiers. Il doit inclure :
- Une présentation du projet et de l’équipe qui le porte.
- Une synthèse de l’étude de marché qui met en valeur les opportunités du marché.
- Une vision de votre stratégie commerciale et marketing, en fonction des services proposés.
- Les besoins matériels et humains.
- Le financement nécessaire (et l’apport à prévoir).
- Le choix de la forme juridique.
- Un prévisionnel financier qui estime le chiffre d’affaires et les coûts sur les 3 premières années d’activité.
Ce document vous servira à convaincre des partenaires financiers d’investir dans votre projet : établissements bancaires, business angels, organismes publics (comme Bpifrance), et particuliers (dans le cadre d’une opération de crowdfunding ou si vous faites appel à l’aide de vos proches).
N’oubliez pas de vous renseigner sur les aides publiques à la création d’entreprise, comme l’ARCE et l’ACRE.
Trouver le bon local
L’emplacement de votre magasin d’optique ne doit pas être négligé : ce sera l’un des piliers de son succès. Il doit être suffisamment bien placé pour garantir un maximum de passage (centre-ville ou centre commercial) et accessible aux clients quel que soit leur mode de locomotion – voiture, transports en commun, vélo ou marche. À cet égard, les zones commerciales et les ZAC présentent des avantages en matière de fréquentation comme de stationnement : c’est pourquoi elles sont privilégiées par les opticiens.
Par ailleurs, votre local doit être assez spacieux pour accueillir le matériel nécessaire et une belle sélection de montures. Il faut aussi prévoir une pièce séparée où réaliser les examens optiques en toute confidentialité.
Choisir le statut juridique adapté
Avant d’ouvrir votre boutique, vous devez également créer une structure juridique. Plusieurs possibilités s’offrent à vous :
- L’entreprise individuelle est idéale si vous souhaitez travailler seul et limiter vos formalités administratives autant que vos obligations comptables. L’EI a l’avantage de limiter votre responsabilité à votre patrimoine professionnel et de vous permettre d’opter pour l’imposition sur les sociétés. Le régime de la micro-entreprise est encore plus simple, mais soumis à un plafond de chiffre d’affaires de 177 800 € et à l’impossibilité de déduire vos charges.
En entreprise individuelle, les charges sociales sont plus élevées qu’en société. En outre, vous ne pouvez pas vous associer.
- La société existe sous diverses formes, selon que vous envisagez d’être le seul associé (EURL ou SASU) ou de travailler avec d’autres personnes (SARL ou SAS). L’EURL et la SASU ont l’avantage de la simplicité et de la souplesse au regard des statuts et des organes dirigeants, et ne nécessitent que 1 euro symbolique en guise de capital. La SARL et la SAS sont plus complexes et s’accompagnent d’obligations plus lourdes, mais elles permettent de s’associer et de renforcer la crédibilité de l’établissement.
Le bon choix dépend de plusieurs paramètres, comme l’impact fiscal et social, les obligations comptables, la souplesse du statut, et les contraintes afférentes. Demandez l’avis d’un expert-comptable afin d’opter pour la forme juridique qui convient à votre projet.
Immatriculer l’activité
La dernière formalité administrative consiste à immatriculer votre activité. En amont, et si vous choisissez de créer une société, vous devez aussi rédiger les statuts, publier un avis de création dans un journal d’annonces légales, déposer le capital social sur un compte professionnel dédié, et déclarer les bénéficiaires effectifs.Par la suite, les démarches d’immatriculation se déroulent en ligne, sur le guichet unique des formalités des entreprises. Une fois cette opération terminée, vous recevrez tous les documents administratifs relatifs à votre entreprise – notamment le numéro SIRET, l’attestation Urssaf et le code APE – dans un délai d’un mois.
Vous devez aussi ouvrir un compte bancaire professionnel sur lequel placer les revenus issus de votre activité. Cette obligation ne concerne pas l’auto-entreprise, dont le dirigeant doit seulement créer un compte dédié (mais pas forcément professionnel) au-delà de 10 000 € de revenus pendant deux années consécutives.
La réglementation à appliquer
Comme indiqué plus haut, les métiers de l’optique sont réglementés. Au-delà des points déjà abordés (nécessité d’avoir un diplôme et de s’enregistrer auprès de l’agence régionale de santé), il y a d’autres réglementations à appliquer pour gérer un magasin d’optique. Ainsi, vous devez :
- Respecter les normes propres aux établissements recevant du public : mesures de sécurité contre les incendies et accessibilité des locaux aux personnes à mobilité réduite.
- Respecter les tarifs de la Sécurité sociale et du dispositif 100 % Santé, et pratiquer le tiers payant si vous êtes conventionné.
- Porter à tout instant (dans votre magasin) un badge signalant votre identité et votre titre professionnel.
- Avoir souscrit une assurance responsabilité civile professionnelle au minimum, celle-ci ayant pour but de couvrir les frais liés aux éventuels dommages que vous pourriez causer aux clients dans l’exercice de votre activité.
- Respecter l’obligation d’information au regard du client : vous devez délivrer à chaque client un devis avant toute transaction et une facture détaillée une fois celle-ci conclue.
La conformité de votre magasin d’optique est essentielle. En cas de doute, n’hésitez pas à vous renseigner auprès d’un professionnel – comme Keobiz.
Obtenir un devis gratuit et sans engagement !
Les métiers de la vue font partie des activités réglementées qui nécessitent de justifier d’une qualification professionnelle. Le diplôme le plus répandu est le BTS opticien-lunetier, préparé à temps complet ou en alternance. D’autres formations peuvent néanmoins être suivies, par exemple auprès de l’Institut d’optique Graduate School de Paris-Saclay ou de l’École d’optique et de lunetterie de Lille. À noter que ces cursus peuvent également être choisis dans le cadre d’une reconversion professionnelle.
La rémunération moyenne d’un professionnel de l’optique varie selon ses conditions d’exercice. Un salarié peut gagner entre 2 000 et 3 000 € bruts par mois (entre 1 800 et 2 000 € pour un débutant) à quoi il faut, le plus souvent, ajouter une part variable incluant des primes et de l’intéressement. De son côté, l’indépendant voit sa rémunération osciller en fonction du chiffre d’affaires réalisé.
La marge commerciale brute des magasins d’optique se situerait autour de 62 %. Mais cette moyenne ne tient pas compte des variations importantes qui existent en fonction des établissements. De manière générale, on peut considérer que la gestion d’une boutique dans le secteur de l’optique offre une bonne rentabilité sur le long terme, et que les opportunités commerciales sont nombreuses.