LMNP ou LMP : comment faire le bon choix de statut ?
Vous envisagez de vous lancer dans la location meublée ? Avant de démarrer, il est important de connaître les deux statuts applicables à ce type de location, à savoir le LMP et le LMNP, selon que vous pratiquez votre activité de bailleur en tant que professionnel ou de façon occasionnelle. Quelles sont les différences entre ces deux statuts ? Lequel est le plus avantageux ? Et comment faire le bon choix ? Keobiz vous livre les clés pour prendre les bonnes décisions.
LMP et LMNP sont deux statuts applicables à la location meublée, selon qu’elle constitue ou non l’activité principale du bailleur.
Les différences entre les deux statuts sont d’ordre fiscal et social. Le LMP est celui qui offre le plus d’avantages sur le plan fiscal, mais il implique aussi des obligations sociales plus lourdes.
Le choix se fait automatiquement en fonction des revenus générés par l’activité locative et de la place qu’ils occupent dans le foyer fiscal. En somme, tout dépend de votre profil de bailleur.
Statut de LMNP et statut de LMP : de quoi parle-t-on ?
Ces deux statuts – loueur en meublé professionnel (LMP) et loueur en meublé non professionnel (LMNP) – s’appliquent aux propriétaires bailleurs qui proposent à la location un ou plusieurs logements meublés.
Le statut applicable dépend des revenus locatifs générés par l’activité, et de la place qu’ils occupent dans le revenu global du foyer fiscal. Ainsi, le LMNP s’impose par défaut si vos recettes annuelles n’excèdent pas 23 000 € ou qu’elles représentent moins de 50 % du montant total des revenus générés au sein du foyer par l’ensemble des activités. En revanche, lorsque ces deux seuils sont franchis, vous passez d’emblée à la location meublée professionnelle.
La notion de « location meublée » désigne aussi bien la location de longue durée (le logement constitue la résidence principale de son occupant) que la location saisonnière (caractérisée par des séjours de courte durée, sans que l’occupant élise domicile dans le bien). Dans ce dernier cas, il faut distinguer les meublés de tourisme non classés et les meublés classés, avec des conséquences fiscales distinctes.
Dans les deux cas, il y a des conditions à respecter pour pratiquer ce type de location :
- Le logement doit être loué entièrement meublé. Pour être considéré comme meublé, le bien doit comporter au minimum une literie avec couette ou couverture, des volets ou des rideaux dans la chambre, des plaques de cuisson, un four (classique ou à micro-ondes), un réfrigérateur (doté d’un congélateur séparé ou d’un compartiment dédié), de la vaisselle, des ustensiles de cuisine, une table et des sièges, des étagères de rangement, des luminaires, et du matériel d’entretien adapté aux caractéristiques des lieux. (La liste est fixée par le décret n°2015-981 du 31 juillet 2015.)
- Le propriétaire doit créer une entreprise et immatriculer son activité. Cela suppose de choisir un statut juridique adapté (entreprise individuelle ou société) et de suivre le processus déclaratif sur le guichet unique des formalités des entreprises. Cette procédure doit être réalisée au maximum 15 jours après le début de l’activité.
Quelle différence entre les deux statuts ?
En résumé, le statut de loueur en meublé professionnel (LMP) est réservé aux bailleurs qui font de la location leur activité principale, tandis que le LMNP s’applique à ceux qui la pratiquent de manière occasionnelle et en tirent des revenus complémentaires – les deux options permettant de profiter des avantages de la location meublée. Mais, bien entendu, les différences qui existent entre ces statuts vont bien au-delà des conditions d’éligibilité du LMNP et du LMP. Quelles sont-elles ?
- Le mode d’imposition des recettes locatives. La fiscalité du LMNP et celle du LMP sont similaires lorsque les recettes sont soumises à l’impôt sur le revenu (régime micro-BIC ou régime réel) et relèvent des bénéfices industriels et commerciaux (BIC), notamment dans le cadre de la fiscalité d’une entreprise individuelle. Mais le loueur professionnel, s’il crée une société, est soumis à l’impôt sur les sociétés.
- Les avantages fiscaux. Les deux statuts permettent de bénéficier d’un abattement forfaitaire au régime micro, et des mêmes mécanismes (déduction des charges, déficit foncier et amortissement LMNP ou LMP) au réel. Mais le statut de LMP s’avère plus avantageux que le statut LMNP au régime réel, en raison d’une imputation plus étendue du déficit foncier, du régime des plus-values professionnelles, et de l’exonération d’IFI (impôt sur la fortune immobilière).
- Le régime social. Lorsque le bailleur pratique une activité de location en tant que professionnel, il est redevable des cotisations sociales – alors que le LMNP est seulement soumis aux prélèvements sociaux. Dans les deux cas, l’accompagnement d’un expert-comptable est recommandé.
Nous vous proposons d’explorer ces trois points plus en détail.
Le régime fiscal
La location meublée étant considérée comme une activité commerciale, les revenus générés sont imposables soit au titre des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) pour l’impôt sur le revenu (entreprise individuelle ou société sur option), soit au titre de l’impôt sur les sociétés (SARL, SAS, SCI ou autre).
On distingue ainsi trois régimes d’imposition :
- Le régime micro-BIC, applicable de plein droit sous le seuil de 77 700 € de recettes locatives par an. Sous ce régime, vous bénéficiez d’un abattement de 50 % censé couvrir vos charges, ce qui signifie que vous êtes imposé sur la moitié des revenus générés par l’activité locative. Cet abattement monte à 71 % pour les locations classées et les chambres d’hôtes (et jusqu’à 92 % dans les zones B2 et C du territoire français).
Le régime fiscal de la location meublée de tourisme non classée a été réformé en 2024 : le régime micro est limité à 15 000 € de revenus annuels et donne droit à un abattement de 30 %.
- Le régime réel s’impose au-delà de 77 700 € de recettes locatives. Il vous octroie le droit de déduire les charges d’exploitation de vos revenus, ce qui vous permet de diminuer d’autant la base imposable sur votre déclaration. Cela concerne notamment les frais d’établissement, les coûts de réparation et de rénovation, les frais de gestion et d’assurances, les charges de copropriété, les intérêts d’emprunt, les impôts locaux, et les amortissements du mobilier. Vous profitez en outre de deux mécanismes fiscaux avantageux : le déficit foncier et l’amortissement du bien.
- L’impôt sur les sociétés concerne uniquement le loueur qui pratique une activité professionnelle dans le cadre juridique d’une société. Les recettes issues de la location sont taxées selon le régime spécifique des sociétés (voir tableau ci-dessous), tandis que le bailleur est soumis à l’impôt sur le revenu pour ses gains personnels.
Bénéfice
Chiffre d’affaires inférieur ou égal à 10 M€
Chiffre d’affaires supérieur ou égal à 10 M€
Entre 0 € et 42 500 €
15 %
25 %
Au-delà de 42 500 €
25 %
25 %
Par ailleurs, l’activité locative est soumise aux impôts locaux :
- La taxe foncière, valable sur toute propriété bâtie dont vous êtes propriétaire au 1er janvier de l’année civile.
- La cotisation foncière des entreprises (CFE), applicable à toute activité non salariée, et calculée en fonction de la valeur locative des locaux.
- La cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), uniquement pour les professionnels qui déclarent un chiffre d’affaires supérieur à 500 000 €.
Par défaut, la location meublée est exonérée de TVA. Néanmoins, la taxe sur la valeur ajoutée s’applique si vous proposez des prestations de services de type para-hôtelier : petit-déjeuner, réception des locataires, ménage dans les locaux et/ou fourniture du linge de maison.
Les avantages en matière de fiscalité
L’activité de location meublée revêt plusieurs avantages sur le plan fiscal, avec des différences subtiles (mais importantes) entre les deux statuts. Quels sont-ils ?
- La possibilité de créer un déficit foncier lorsque le montant annuel des charges excède la somme des revenus générés par la location. Mieux encore, ce déficit peut être imputé sur les années qui suivent, uniquement sur les revenus de même nature en LMNP et pendant un temps limité (10 ans), et sur le revenu global pour un professionnel (sans limite de temps).
- L’opportunité d’amortir le prix du bien et du mobilier en fonction de la durée réelle de détention (mécanisme des amortissements).
Notez que ces deux avantages sont spécifiques au régime réel. Au régime micro, l’abattement est censé couvrir le montant des charges, et il n’est pas possible de créer des déficits, ni de profiter des amortissements.
Maintenant, voici deux bénéfices propres au statut de professionnel :
- Vous relevez du régime des plus-values professionnelles. Cela veut dire que vous profitez d’une exonération totale de taxation sur la plus-value de cession en dessous de 90 000 € de recettes générées pendant les deux années civiles qui précèdent (à condition de pratiquer depuis un minimum de 5 ans), et d’une exonération partielle entre 90 000 et 126 000 €.
En LMNP, c’est le régime des plus-values des particuliers qui s’applique. La plus-value de cession est taxée à hauteur de 36,2 % (19 % au titre de l’impôt sur le revenu et 17,2 % au titre des prélèvements sociaux), moins les abattements qui s’appliquent pour chaque année de détention du bien au-delà de la 5e année. Il faut donc attendre 22 ans pour être intégralement exonéré d’impôt sur le revenu, et 30 ans pour les prélèvements sociaux. En outre, une taxe supplémentaire est prévue en cas de plus-value imposable de plus de 50 000 €, avec un taux qui varie en fonction du gain réalisé.
- L’impôt sur la fortune immobilière (IFI) ne s’applique pas. Autrement dit, les biens immobiliers détenus par un professionnel de la location meublée n’entrent pas dans l’assiette de calcul de l’impôt, dès lors qu’ils ont un lien direct avec l’exploitation et qu’ils sont utilisés exclusivement pour les besoins de l’activité. En revanche, le loueur non professionnel est soumis à l’IFI pour les biens immobiliers qu’il possède.
Le régime social
Le régime social constitue la dernière grande différence entre les deux statuts :
- Le LMNP ne verse pas de cotisations, car son activité n’est pas professionnelle. En revanche, ses revenus sont soumis aux prélèvements sociaux à hauteur de 17,2 %, en plus de l’impôt.
- Le professionnel LMP est redevable des cotisations sociales au même titre que tout travailleur non salarié – afin de financer sa protection sociale. Le taux de cotisations est fixé à 21,2 % au régime de la micro-entreprise, et monte jusqu’à un maximum de 45 % du résultat fiscal au régime réel – sachant que ces cotisations sont déductibles. De plus, un abattement s’applique sur le montant des recettes : 60 % pour la location de courte ou de longue durée, et 87 % pour la location de biens de tourisme classés.
En substance, l’activité de loueur professionnel implique des obligations sociales plus lourdes – un point qu’il est nécessaire de prendre en compte.
Tableau récapitulatif
LMNP
LMP
Éligibilité
Moins de 23 000 € de revenus locatifs par an OU moins de 50 % des revenus globaux du foyer
Plus de 23 000 € de revenus locatifs par an ET plus de 50 % des revenus globaux du foyer
Fiscalité
Micro-BIC sous 77 700 € de recettes ou régime réel au-delà
Micro-BIC sous 77 700 € de recettes ou régime réel au-delà
Imposition
Impôt sur le revenu
Impôt sur le revenu ou sur les sociétés
Avantages fiscaux
Déficit foncier imputable sur les revenus locatifs / Plus-values des particuliers / Déduction des charges et des amortissements au régime réel
Déficit foncier imputable sur le revenu global / Plus-values des professionnels / Déduction des charges et des amortissements au régime réel / Exonération d’IFI sous conditions
Régime social
Prélèvements sociaux (17,2 %)
Cotisations sociales (entre 21,2 % et 45 % du résultat fiscal)
Comptabilité
Tenue d’une comptabilité complète au régime réel
Tenue d’une comptabilité complète au régime réel
Comment choisir entre les deux statuts ?
Si vous vous posez la question du choix, vous devez savoir que la décision ne vous revient pas : elle est la conséquence de la structuration des revenus touchés par votre foyer fiscal, selon que la location constitue ou non votre activité principale. Voici ce qu’il faut retenir :
- Le statut de loueur professionnel concerne les bailleurs qui font de la location leur principale activité, c’est-à-dire leur première source de revenus. Cela suppose de générer des recettes importantes, mais aussi de gérer une entreprise (avec toute la complexité administrative que cela implique) et de verser des droits sociaux élevés.
- Le statut LMNP s’applique aux bailleurs qui font de la location une activité d’appoint, en complément de leur principale source de revenus. Parce qu’ils ne sont pas professionnels, ils n’ont pas besoin de protection sociale et ne versent pas de contributions.
En somme, tout dépend de votre profil :
- Le loueur professionnel est un contribuable fortement fiscalisé, qui a l’avantage de pouvoir imputer le déficit lié à l’activité locative sur l’ensemble de ses revenus. Néanmoins, pour générer plus de 23 000 € de revenus locatifs annuels, il faut investir en moyenne 400 000 € dans l’immobilier. Et parce que cette activité s’accompagne d’obligations lourdes, il est préférable de faire appel à un professionnel de la comptabilité.
- Le loueur non professionnel est un contribuable qui réalise un premier investissement, sans avoir à tenir une comptabilité complexe. Il fait de la location meublée une activité complémentaire dans un but essentiellement patrimonial – pour se constituer un patrimoine immobilier (à revendre ou à transmettre) et/ou pour générer un revenu supplémentaire.
Vous vous demandez quel statut est le mieux adapté à votre situation personnelle et à vos objectifs ? Discutez de votre projet d’investissement locatif avec les experts-comptables spécialisés dans l’immobilier du cabinet Keobiz, afin d’analyser les opportunités du marché et d’identifier les risques encourus. Et bénéficiez d’un accompagnement sur mesure tout au long de votre activité locative grâce à un expert-comptable dédié.
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Lorsqu’elle est pratiquée de manière occasionnelle, la location meublée relève du statut LMNP – celle de loueur en meublé non professionnel. L’un des principaux inconvénients de ce statut réside dans l’impossibilité d’imputer le déficit foncier sur le revenu global du foyer fiscal. Autrement dit, le déficit créé (lorsque les charges d’une année excèdent les recettes) ne peut être imputé que sur les revenus de même nature et pendant un temps limité – un maximum de 10 ans.
Le passage au professionnel LMP se fait automatiquement lorsque le bailleur franchit deux seuils : ses revenus excèdent 23 000 euros et représentent plus de 50 % des revenus globaux du foyer. Dans ce cas de figure, la location meublée devient son activité principale. Il bénéficie alors de nombreux avantages, comme la possibilité d’imputer son déficit sur son revenu global, l’exonération de plus-value en cas de cession si ses recettes ne dépassent pas 90 000 euros pendant les deux années qui précèdent la vente, et le fait que l’impôt sur la fortune immobilière ne s’applique pas aux biens professionnels.
Au régime fiscal réel, le loueur professionnel peut déduire de ses recettes un certain nombre de charges liées à l’exploitation du ou des biens immobiliers utilisés dans le cadre de son activité. Quelles charges sont déductibles ?
- Les frais d’établissement (comme les frais de notaire).
- Les coûts d’entretien, de réparation et de rénovation du/des bien(s).
- Les frais de gestion et d’assurances.
- Les charges de copropriété.
- Les intérêts d’emprunt.
- Les impôts locaux (taxe foncière et CFE, notamment).
- Les amortissements du mobilier et des améliorations apportées au bien.